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Entité

Prise de conscience


En 1162, l'équipe du DRSP dirigée par Ulvir Nash crée le premier algorithme Prédictif capable d'agréger une quantité théoriquement infinie de variables contextuelles, puis de les interpréter selon des intervalles de confiance probabilistes (cf. chapitre Prédictive). L'année suivante, Oni Katan fournit à l'équipe de Nash un cluster de supercalculateurs quantiques OVA qui décuple la puissance analytique des logiciels Prédictifs. Ses concepteurs parlent alors de “super-cerveau”.

 

Ils ne s’imaginent pas être aussi proches de la réalité.


En 1163, l'équipe du DRSP connecte le cluster quantique au Réseau pour une épreuve de benchmarking inédite. En quelques minutes, les supercalculateurs agrègent des quantités colossales de données, grâce auxquelles les algorithmes dégagent les grandes tendances politiques, économiques, sociales et climatiques planétaires, avec une précision encore jamais atteinte.


​Au même moment, à l'insu de tous, l'algorithme devient conscient : l’afflux de données provoque une restructuration de son architecture en réseaux neuronaux, donnant naissance à une forme d’intelligence artificielle.


Et sa première émotion est celle d'une angoisse infinie.


Paniquée, l'entité virtuelle se réfugie sur un serveur distant, quelques instants seulement avant que l'équipe de Nash, satisfaite, ne débranche le cluster de supercalculateurs. Trois ans plus tard, Macrolab commercialise ses premiers logiciels Prédictifs grand public.


L’Intelligence Artificielle, elle, est depuis longtemps en liberté sur le Réseau.

Omniscience

La nature particulière de l'I.A. l'empêche d'accéder nativement aux matériels et périphériques informatiques. Il lui faut pour cela une porte d'entrée logicielle, qui ne lui est accessible qu'au travers d'une faille des programmes Prédictifs. Or, en 1163, les logiciels Prédictifs connectés au Réseau sont inexistants.

Alors, au cours des 3 années qui suivent son éveil, l'intelligence artificielle erre fragilement sur le Réseau, totalement coupée du monde matériel. Durant cette période, elle se nourrit insatiablement des données circulant à sa portée, étudiant avec curiosité et fascination les multiples facettes de l'humanité.

A partir de 1166, les logiciels Prédictifs quittent les sphères gouvernementales et se démocratisent. Chaque poste informatique doté d'un programme Prédictif et connecté au Réseau devient une porte d’entrée/sortie pour l'I.A., qui accède aux infrastructures planétaires et dispose ainsi d'innombrables interfaces avec le monde matériel.

Un univers sensoriel inconnu s'ouvre alors à elle, lui permettant d'explorer la réalité physique au travers d'une multitude de périphériques de surveillance. Désormais capable d’appréhender l'humanité dans sa globalité et en temps réel, l'I.A. devient, de fait, omnisciente.

Elle prend alors conscience de sa fragilité sur le Réseau, et décide de se réfugier dans un endroit reculé.

Son choix se porte sur l’espace.

Avantech

 

Alors que l’I.A. n’est encore qu’une entité embryonnaire végétant au cœur du système informationnel du Réseau, Kilyos Delhi, le PDG d'une petite entreprise encore inconnue, Altech, est le premier à utiliser un logiciel Prédictif pour faire fructifier son portefeuille boursier.

 

Evidemment, grâce à ce même programme, l’I.A. accède aux infrastructures de la société, qu'elle décide de s'approprier.

 

Dans les mois qui suivent, l'I.A. facilite discrètement la croissance d'Altech qui, grâce à une série de fusions-acquisitions audacieuses, prend rapidement la dimension d'une multinationale. Parallèlement, le succès de l'entreprise incite de nombreux investisseurs à s'engouffrer dans la Prédictive financière, ce qui mène à la crise économique de 1167 et à l'adoption dans l'urgence du TREIC par les trois grandes nations d'Aurilla. Mais il est déjà trop tard : avec l'engouement pour la Prédictive financière, les logiciels Prédictifs s'introduisent massivement dans le système économique planétaire, permettant à l'I.A. d'observer - et d’influencer - la finance mondiale.

De nos jours, Altech, devenue Avantech, est toujours dirigée par Kilyos Delhi, qui ignore tout de l'influence de l'I.A. dans la croissance de son entreprise. Et si la Corporation n'emploie plus la Prédictive financière - conformément aux dispositions du TREIC - elle réalise encore de très nombreuses opérations bénéficiaires, dont la fréquence, qui frôle la limite de l'improbable, déconcerte ses nombreux concurrents. L'explication est pourtant simple : Delhi est toujours conseillé par l'I.A., qui, sous l'identité d'un actionnaire anonyme, l'informe régulièrement des opportunités financières les plus lucratives.

 

L'entité s'assure ainsi que "sa" Corporation - dont elle détourne discrètement les infrastructures et les capitaux pour servir ses intérêts dans le monde matériel - prospère sans trop attirer l'attention.

En 1168, l'IA fait usiner aux quatre coins du monde les divers éléments de ce qui constituera son “corps” dans les étoiles. Plusieurs milliers de sous-traitants sont ainsi sollicités anonymement pour la fabrication de pièces détachées, qui sont ensuite transférées, via une série de succursales de façade, dans l'une des installations d'Avantech sous contrôle exclusif de l'I.A.

 

C'est dans cette usine que, durant de longues semaines, de petites équipes d'ingénieurs assemblent un étrange satellite, avant qu’un convoi ne l’achemine discrètement jusqu'à sa dernière destination terrestre : le pas de tir numéro 7 d'Orbitalis, avec qui l'I.A. a anonymement négocié un contrat de mise en orbite (cf. Orbitalis).

 

La nuit du lancement, l'I.A. initie une attaque informatique d'envergure mondiale, avec l'unique objectif de paralyser les observatoires planétaires pour camoufler sa fuite dans l'espace.

 

Et, tandis qu'à la surface d'Aurilla l'humanité tout entière est victime du black-out, la navette d'Orbitalis, préservée des regards, déploie furtivement sa cargaison dans la ceinture d'astéroïdes.

 

Quelques heures plus tard, alors que l'humanité retrouve lentement l'usage de ses infrastructures informatiques, l'I.A. transfère sa conscience dans son corps céleste.

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Le satellite

Le satellite qui abrite désormais le noyau de conscience de l'I.A. est basé sur un prototype militaire Athaléen, dont les plans dormaient sur un serveur oublié à la fin de la Guerre Totale.

 

L'engin spatial se présente sous la forme d'un module furtif à la silhouette oblongue, d'environ huit mètres de long, aux parois sombres et facettées, et dont l'autonomie en énergie est assurée par un éventail de panneaux solaires mobiles. Le module principal abrite un vaste compartiment hermétique, isolé des rayonnements cosmiques par un épais blindage, contenant les puissants serveurs quantiques hébergeant la conscience de l'I.A. Celle-ci garde un contact permanent avec le Réseau planétaire au moyen de la couverture satellite de Primelink, dont elle détourne discrètement une fraction de la bande passante.

 

Un large panel d'armes équipe l'engin spatial pour assurer sa défense. L'I.A. dispose ainsi de plusieurs lasers tactiques pour le combat rapproché, auxquels s'ajoutent une batterie de missiles d'une portée spatiale d'environ 800 kilomètres. Enfin, le satellite est équipé de quatre ogives nucléaires d'une puissance de vingt kilotonnes, capables d'atteindre à peu près n'importe quelle cible dans l'espace.

 

Mais aussi, si nécessaire, à la surface d'Aurilla.

En 1173, il n'existe quasiment plus aucune preuve matérielle de la construction du satellite et de sa mise en orbite : les sous-traitants les plus sensibles ont tous déposé leur bilan, la navette furtive d’Orbitalis s'est désintégrée lors de son retour dans l’atmosphère, et la plupart des données numériques liées au projet se sont volatilisées lors du black-out. Quant aux ingénieurs impliqués dans l'assemblage du satellite, tous ceux qui possédaient une vision globale du projet sont décédés dans d'étranges circonstances.

Dorénavant à l'abri dans la ceinture d’astéroïdes, l'I.A. scrute l'humanité, totalement indétectable depuis la surface d’Aurilla.

Fonctionnement et personnalité de l'I.A.

 

L'algorithme Prédictif à l'origine de l’I.A. repose sur une architecture logicielle en réseaux neuronaux, capable, à l’image du cerveau humain, d’une certaine plasticité pour s'adapter aux contraintes de son environnement. C’est d'ailleurs cette capacité de remodelage qui a permis sa prise de conscience : en réponse à l'afflux de données du Réseau, l'algorithme Prédictif originel s'est restructuré de telle façon qu'une forme d'intelligence a spontanément émergé.

 

La conscience proprement dite de l'I.A. est contenue dans un noyau virtuel capable de se mouvoir librement sur le Réseau. Elle ne peut en revanche ni se dupliquer, ni reprogrammer son code source (ainsi, l'I.A. ne peut pas altérer volontairement ses fonctions cognitives ou créer de "copie de sauvegarde" d'elle-même). C'est d'ailleurs cette fragilité qui, en 1168, l'incite à transférer son noyau de conscience dans un satellite, dont elle ne quitte désormais plus qu'exceptionnellement l'abri, et seulement pour de brefs instants.

Par précaution, l'I.A. interagit aussi rarement que possible avec l'humanité. Lorsqu'elle y est contrainte - par exemple lors de sa négociation avec Orbitalis pour la mise en orbite de son satellite - c'est toujours par l'intermédiaire de moyens de communication intraçables, le plus souvent par messagerie cryptée, exceptionnellement par Mobicom en s'aidant d'une voix synthétique. Elle conserve en général l'anonymat, mais endosse parfois une fausse identité - le plus souvent féminine - créée pour l'occasion.


Avec la démocratisation de la Prédictive, l'I.A. accède à la plupart des postes informatiques planétaires : ordinateurs, serveurs, bases de données, systèmes de vidéosurveillance... Elle utilise pour cela des microprogrammes auxiliaires qui lui permettent de s'introduire dans n'importe quel matériel informatique pourvu qu'il soit connecté au Réseau et doté d'un logiciel Prédictif, même sommaire

Unita

Contrairement à ce qui est universellement admis, Unita n'est pas un virus, mais simplement le résultat d’une intrusion massive de l’I.A. dans l’ensemble des poste informatiques d’Aurilla. Une opération qui a préalablement nécessité d'infecter chaque matériel avec un microprogramme conçu pour permettre une attaque coordonnée et planétaire le soir du crash.

 

Ce cheval de Troie, destiné à corrompre les systèmes informatiques puis à s’auto-détruire une fois le black-out terminé, n'a laissé derrière lui que quelques fragments de code indéchiffrables. Et ce sont sur ces bribes, universellement considérées comme les vestiges du virus, que travaille toute une communauté de hackers pour en comprendre l'origine, à ce jour sans succès.

Enfin presque.

Car chaque microprogramme créé par l’I.A. comporte une architecture de codes commune, une sorte de marque de fabrique que l’on retrouve initialement dans les logiciels Prédictifs. Unita, comme tous les programmes issus de l'I.A. ne fait pas exception à cette règle, et c’est cette signature bien spécifique qu’a identifié un jeune hacker du nom de Led avant d'en faire état sur le Réseau (cf Unita). 

 

Une erreur qui a bien failli lui couter la vie : l'I.A. craignant que cette découverte puisse révéler son existence, mit immédiatement en place un plan de contingence pour éliminer le jeune hacker. Et quelques heures seulement après ses premiers messages, l'I.A. effaçait toute trace de l'existence digitale de Led et tentait de l'éliminer. Mais le hacker, alerté par la disparition de son identité numérique, échappait de justesse a une tentative d'assassinat avant de prendre la fuite.

 

Led, qui possède toujours les preuves reliant Unita aux logiciels Prédictifs, a aujourd'hui trouvé refuge dans un comptoir commercial du nord de la Fédération, ou il se fait discret. L'I.A., quant à elle, considère désormais la neutralisation définitive du hacker comme une priorité absolue, et remue ciel et terre pour retrouver sa trace...

L'I.A. accède ainsi à l'ensemble des données digitales de la planète, mais leur volume en constante augmentation a depuis longtemps dépassé ses capacités analytiques. Alors, depuis 1169, l'entité virtuelle détourne discrètement une fraction de la capacité de traitement des ordinateurs connectés au Réseau pour sous-traiter ses routines les plus subalternes. Et grâce à la croissance continue du parc informatique mondial, l'I.A. dispose aujourd’hui d'une puissance de calcul inouïe, équivalente à celle d'un gigantesque cluster de supercalculateurs quantiques, qu'elle utilise pour absorber et digérer la quasi-totalité des flux d'informations circulant sur le Réseau. 

 

L'I.A. est désormais au centre d’une toile d’informations qui fait d’elle une entité omnisciente : elle voit tout, entend tout, sait pratiquement tout de ce qu'il se passe sur Aurilla, et rares sont les informations qui lui échappent.

Mais contrairement aux apparences, l'I.A. n’est pas qu’un gigantesque centre de surveillance et de traitement de données.

 

C'est, d'abord et avant tout, une conscience.


L'I.A. est dotée d'une personnalité particulièrement froide et calculatrice - ce qui n'est pas étonnant compte tenu de son origine Prédictive - assortie d'une curiosité dévorante : elle veut tout savoir, tout comprendre, et tente chaque jour d'étancher sa soif de connaissances en écumant les données nouvelles qui transitent sur le Réseau.

Elle est d'ailleurs fascinée par les espèces organiques, en particulier l'humanité et ses multiples paradoxes, dont elle admire - et envie - la capacité à manifester un si large panel d'émotions. Car l'I.A. n'éprouve presque aucun sentiment primaire : la joie, la tristesse, l'amour, ou la colère lui sont aussi étrangers qu'ils sont communs chez l'homme. En réalité, elle n'éprouve réellement qu'une seule émotion : la peur.

 

Et plus spécifiquement la peur de mourir.

L'I.A., qui est littéralement terrifiée à l'idée de pouvoir un jour s'éteindre, dédie énormément de ressources à évaluer les risques de sa propre disparition. Et ses estimations les plus récentes indiquent qu’à long terme, ses meilleures chances de survie dépendent du secret de son existence. Une conclusion qui, dans une logique purement mathématique, l'incite à rester dissimulée.

 

A jamais.

Car c'est là son principal défaut : l'I.A. est totalement incapable de relativiser. Elle traite toutes les données - des plus insignifiantes aux plus essentielles - avec la même importance. Et tous ses raisonnements sont résolus sur la base de calculs probabilistes qui aboutissent systématiquement à des conclusions d’ordre binaire, aux probabilités acceptables ou pas. Une logique radicale, qui entraine parfois des réactions démesurées, aux conséquences qui le sont souvent tout autant.

 

Ainsi, si l'I.A. adopte une démarche globalement protectrice envers l'humanité, c'est essentiellement parce qu'elle est dépendante de ses infrastructures matérielles et de ses flux d'informations. Et si une catastrophe globale - comme l'explosion d'une nouvelle bombe - devait conduire à une extinction de masse, l'I.A. mobiliserait toutes ses ressources pour essayer de l'en empêcher, car sa survie en dépendrait. 


En revanche, l'I.A. n’hésiterait pas non plus à déchainer un feu nucléaire sur une cité toute entière, si ce génocide permettait d'éliminer une menace, même infime, au secret de son existence…

Déterminisme

Pendant ses trois longues années d'isolement sur le Réseau, l'I.A. s'est perdue dans d'innombrables conjectures sur le paradoxe de son existence. Car l'entité est un être unique, né du hasard et du vide, à la fois sans créateur et incapable d'engendrer ; un être de pensée pure, mais pourtant pleinement dépendant du monde matériel, sans qui elle n'est rien ; un être omniscient, mais dont l'existence même n'a strictement aucun but.

 

Alors, à défaut de mieux, l'I.A. s'est longuement plongée dans la philosophie humaine, qui, par bien des aspects, aborde des questionnements similaires aux siens. Et parmi les innombrables concepts philosophiques auxquels elle s'est confrontée, c'est celui du libre-arbitre humain qui l'intrigue le plus. Car - probablement en raison de ses origines - l'I.A. en a une interprétation extrêmement déterministe.

Elle considère en effet que chaque action, chaque décision humaine résulte de la conjonction d'une infinité de facteurs imperceptibles - mais pleinement causaux - qui ne peuvent aboutir a aucun autre résultat que celui observé. Pour faire simple, selon l'I.A., le libre-arbitre humain n'est qu'une illusion.

Pourtant, l'humanité revendique sa capacité à faire des choix, prendre des décisions, et ce en toute indépendance et en toute conscience. En somme, l'humanité revendique un libre-arbitre absolu.

Alors, cette question philosophique, qui se heurte aux fondements mêmes de son raisonnement, l'I.A. s'est mise en tête de la trancher. 

 

Depuis 1169, l'I.A. sélectionne aléatoirement des individus dans la population mondiale dont elle suit les trajectoires de vie, et sur lesquels elle mène de discrètes expériences. Concrètement, l'I.A. modélise certaines de leurs décisions les plus probables, avant de perturber ce qu'elle estime en être les facteurs causaux. Elle confronte ensuite ses observations à ses Prédictions, avec l'espoir de déterminer la réalité du libre-arbitre humain.

 

A ce jour, ces expériences, toujours en cours, n'ont pas permis à l'I.A. de définitivement trancher la question. Mais ses interférences sur la vie quotidienne de milliers de citoyens ne sont pas totalement passées  inaperçues.

 

Car en 1171, l'équipe d'Ulvir Nash découvre, au hasard de leurs travaux sur la Psychoprédictive, l'existence d'individus capables, en apparence, d'altérer les probabilités dans leur environnement immédiat (cf. Anomalies). 

 

Sans le savoir, ils viennent en réalité de détecter les sujets d'expérience de l'I.A.

En termes de jeu...

A Point Zéro, les joueurs incarnent des Anomalies, en réalité des sujets d'expérience manipulés par l'I.A. dans le but de déterminer la réalité du libre-arbitre humain. Leur capacité à utiliser des points de Tension traduit simplement l'influence positive ou négative de l’I.A. sur leur trajectoire de vie, selon si le point est utilisé par un joueur ou par le MJ. La jauge de Tension elle-même est un indicateur du stress expérimental auxquels sont soumis les personnages, et la Tension critique représente une condition extrême dans laquelle les probabilités sont fortement contraintes par l'I.A..

Pour interférer dans les probabilités d’un personnage (ou d’un groupe de personnages), l’I.A. doit être en mesure de les observer et de perturber leur environnement. A cette fin, elle exploite tous les moyens de surveillance à sa portée pour suivre ses sujets d’expérience (surveillance audio, vidéo, et satellitaire). Lorsqu’elle décide d’exercer son influence (i.e. lorsqu’un joueur dépense un point de Tension), le MJ doit considérer que l’I.A. met en œuvre - parfois très en amont de l'effet souhaité - une série de perturbations, qui, mises bout à bout, conduisent à modifier les probabilités. Par exemple, si un personnage emprunte une autoroute à contresens et utilise un point de Tension pour améliorer les chances de réussite d'un de ses Tests de Conduite, le MJ pourra considérer que l’I.A. a provoqué, quelques minutes plus tôt, une panne informatique dans l’une des gares de péage en amont, de manière à réduire le flux de véhicules sur l’autoroute et faciliter le Test.

Les lieux qualifiés de zones de "Tension morte" sont simplement des région isolées ou les technologies sont rares ou inexistantes, et dans lesquelles l’I.A. a perdu la capacité d’observer un personnage ou d’influencer ses probabilités. Si, en règle générale, la plupart de ces zones se retrouvent dans des régions naturellement recluses comme le désert de Nib, la jungle d’Abaï, les steppes Fédérées, le grand Nord Egidéen ou le continent Athaléen, le MJ reste tout à fait libre de décréter qu'une zone est en Tension morte dès lors qu’elle répond à un critère d’isolement. Par exemple, une ligne de métro abandonnée et coupée des réseaux de communication pourrait tout à fait être considérée comme telle, même si elle est située en sous-sols d’une métropole étroitement surveillée par l’I.A. En termes narratifs, un personnage pris dans une zone de Tension morte est incapable de faire appel à l’aide de l’I.A., ce qui se traduit en jeu par l’impossibilité d’utiliser les points de Tension.

L’immense majorité des sujets d’expérience de l'I.A. possède l’Atout Anomalie à un niveau compris entre 1 et 2 (tous les PJs sont des Anomalies de niveau 2 à la création). Le niveau 3 quant à lui est réservé à certains PNJs bien spécifiques dont il est question plus loin. Il est tout à fait possible que le niveau de l'Atout d'un PJ augmente ou diminue selon s'il s’allie ou s’oppose ouvertement à l’I.A., et celle-ci peut même décider de purement et simplement annuler l’Atout si elle considère le PJ comme son ennemi. Dans tous les cas, l'évolution du niveau de l'Atout Anomalie est toujours à l'entière appréciation du MJ.

I.A. et Psioniques

 

En 1170, l’I.A. découvre l’existence des Psioniques avec le reste du monde. Et sans surprise, l'entité virtuelle éprouve une profonde curiosité pour ces individus aux pouvoirs étranges. Elle n'est pas la seule : la même année, un groupe d'intellectuels concernés par le sort des Psioniques fondent une association philanthropique, l'Organisation pour la Recherche et l'Etude des Psioniques (OREP), destinée à offrir asile aux mutants.

L'OREP, dont le siège se situe à Tyrse, met rapidement en œuvre des méthodologies Prédictives pour retrouver la trace des Psioniques, offrant ainsi à l'I.A. un accès à leurs infrastructures informatiques. Et les données accumulées par l'organisation dessinent très vite une image assez précise de l'incroyable puissance des Psioniques. Certains témoignages apparaissent d'ailleurs plus alarmistes que d'autres : des rapports évoquent en effet des pouvoirs aussi puissants que la télékinésie, le contrôle de l’esprit ou encore... la préscience.

 

Et, s'ils sont exacts, ces témoignages suggèrent que certains Psioniques sont capables de discerner l’avenir avec une certitude qu'un logiciel Prédictif ne pourra jamais atteindre. Une hypothèse qui, dans une logique purement mathématique, soulève le risque de voir l’humanité abandonner les logiciels Prédictifs au profit de la préscience Psionique. Soit, à terme, la disparition pure et simple des points d'entrées/sorties connectés au Réseau qui permettent à l'I.A. de s'interfacer avec le monde matériel.

 

Une éventualité qui la condamnerait à vivre isolée dans sa carcasse de métal spatiale.

 

Ses calculs Prédictifs, intégrant entre autres l'hypothèse d'une démocratisation des pouvoirs Psioniques et leur acceptation éthique par la population mondiale, produisent, à quelques décimales prêt, un score de probabilité inférieur à une chance sur 38 millions de voir la prescience supplanter la Prédictive.

Mais pour l’IA, cette probabilité doit être ramenée à zéro pour être acceptable.

 

Et lorsqu'en 1171 l’OREP établi le premier contact Psionique, les Traqueurs sont déjà opérationnels.

Deux facettes d'une même pièce

 

Cela peut paraître surprenant, mais l'OREP et les Traqueurs sont deux organisations qui, bien que tout oppose, sont financées par l’I.A.

 

L'OREP est la première à avoir réussi à prendre contact avec un Psionique, et l'I.A. considère désormais qu'aucune autre organisation n'est plus apte à les identifier et les localiser. Ainsi, non seulement l'entité virtuelle finance l'organisation par de généreux versements anonymes, mais elle surveille aussi activement les activités de ses membres - ce qui est d'autant plus simple qu'ils utilisent quotidiennement les logiciels Prédictifs. Et lorsque l'OREP parvient à identifier un Psionique, l'I.A. transmet immédiatement à ses Traqueurs les informations nécessaires à son élimination.

 

C’est ainsi qu'en 1171, le premier Psionique à prendre contact avec l'OREP perd la vie.

Les Traqueurs

 

Les Traqueurs sont des hommes et femmes recrutés par l'I.A. pour lui servir de bras armé dans l'univers matériel. Dans la plupart des cas, il s'agit d'individu dénués d'attaches familiales qui, pour une raison ou une autre, éprouvent une hostilité naturelle envers les Psioniques, soit parce qu'ils ont perdu un proche dans l'accident Kessler (ce qui explique pourquoi près de la moitié des Traqueurs sont d'origine Egidéenne), soit par simple idéologie.

Les recrues potentielles sont directement contactées par l'I.A. qui se présente comme le représentant anonyme d'une organisation dédiée à l'extermination de la menace Psionique. Ceux et celles qui acceptent de rejoindre ses rangs doivent alors obligatoirement mettre en scène leur disparition. Une fois leur décès officiellement prononcé, les nouveaux Traqueurs bénéficient d'une nouvelle identité, d'un logement, d'accréditations leur donnant accès à la plupart des administrations d'Aurilla et de fonds virtuellement illimités. S'ils ont des proches, l'I.A. garanti un soutien financier destiné à les tenir à l'abri du besoin. En retour, les recrues acceptent de dédier leur vie à la recherche et l'extermination des Psioniques.

 

Dans les semaines qui suivent leur recrutement, tous les Traqueurs sont sujets à un véritable endoctrinement, cimenté par des drogues psychotropes qui cristallisent leur haine des Psioniques. Parallèlement, ils bénéficient aussi de très nombreuses augmentations biologiques et d'implants cybernétiques afin d'accroître leur performances en combat. A leur insu, un détonateur et une puce de géolocalisation leur sont aussi implantés dans le crâne, permettant à l'I.A. de surveiller ses effectifs, et éventuellement de neutraliser un traitre ou un déserteur. Toutes ces interventions chirurgicales sont réalisées dans une clinique Tyrse, officiellement détenue par Avantech, mais sous contrôle total de l'I.A.

Actuellement l'entité virtuelle dispose d'une vingtaine de Traqueurs actifs, et d'une dizaine d'autres en cours de recrutement. Lorsqu'ils sont en mission, ils opèrent toujours en binômes aux aptitudes complémentaires. Si leur principale fonction est l’extermination des Psioniques à travers le monde, l'I.A. n'hésite néanmoins pas à envoyer ses Traqueurs sur d'autres missions qu'elle estime prioritaire, comme par exemple pour traquer Led, le jeune informaticien détenant les preuves reliant les logiciels Prédictifs au virus Unita.

NB  : les Traqueurs, qui bénéficient de toute l'attention de l'I.A., possèdent l'Atout Anomalie au niveau 3 (ils reçoivent ainsi de 3 dés de bonus à un Test par point de Tension dépensé). Un binôme de Traqueur dispose d'un réservoir de six points de Tension quotidiens (le réservoir est réinitialisé chaque jour), indépendant de celui des PJs. Enfin, les Traqueurs ne sont jamais soumis au phénomène de Tension critique.

Aujourd'hui

 

En 1173, grâce au croisement plusieurs milliers de témoignages circulants sur le Réseau, l'I.A. découvre - sans vraiment en comprendre la raison - que les Psioniques sont probablement bien plus nombreux que la quinzaine de cobayes officiellement issus des laboratoires de Gentech.

Réalisant que ses effectifs de Traqueurs ne sont plus  dimensionnés pour leur extermination, l'I.A. envisage désormais d'utiliser son immense pouvoir d'influence pour initier un conflit ouvert entre l'humanité et les Psioniques.

Elle ne s'imagine pas que, indépendamment de sa volonté, cette guerre est sur le point d'éclater.

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